C’est la question que l’on peut se poser en lisant les déclarations consternantes du grand rabbin de France Gilles Bernheim et de Richard Prasquier président du CRIF [[ Conseil Représentatif des Institutions juives de France]], lors du rassemblement de soutien à l’agression israélienne contre Gaza devant l’ambassade d’Israël [[http://actu.orange.fr/france/importante-manifestation-de-soutien-a-israel-a-paris-afp_1201392.html]].
Dans la guerre israélo-palestienne, il y a un aspect qu’il ne faut jamais mésestimer. Le sionisme a opéré une gigantesque manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives. C’est cette manipulation qui permet l’adhésion majoritaire des Juifs (aussi bien en Israël que dans le reste du monde) à un projet colonialiste et militariste qui détruit chaque jour un peu plus la Palestine et généralise l’apartheid.
Dans un ouvrage précédent (« Comment le peuple juif fut inventé » chez Fayard), Shlomo Sand avait réduit à peu de choses deux mythes fondamentaux du sionisme : l’exil et le retour. Non, il n’y a pas eu d’exode massive des Juifs lors de la destruction du Temple par les troupes de Titus en 70 ap JC. Les Juifs d’aujourd’hui ne sont pas les descendants des Hébreux de l’Antiquité. Ils descendent majoritairement de convertis. L’idée sioniste qu’après des siècles d’exil, ils auraient fait leur retour sur la terre de leurs ancêtres est une fiction
Le Jérusalem Post a récemment publié un article[[ <*>http://www.jpost.com/International/Article.aspx?id=282583, rapportant que certaines organisations s’opposent à ce que je reçoive le prix Adorno, un prix décerné tous les trois ans à quelqu’un qui travaille dans la tradition de la théorie critique au sens large. Les accusations portées contre moi disent : que je soutiens le Hamas et le Hezbollah (ce qui n’est pas vrai) que je soutiens BDS (partiellement vrai), et que je suis antisémite (manifestement faux). Peut-être ne devrais-je pas être aussi surprise du fait que ceux qui s’opposent à ce que je reçoive le prix Adorno aient recours à des accusations aussi calomnieuses, sans fondements, sans preuves, pour faire valoir leur point de vue.
Quels sont les liens entre la fondation de l’Etat d’Israël et la religion juive ?
Celle-ci a-t-elle porté au cours de l’histoire une aspiration à la création d’un Etat juif autour de Jérusalem ?
Quel rôle joue aujourd’hui la religion juive dans les lois et le fonctionnement de l’Etat d’Israël ou dans la colonisation des territoires occupés ?
À ces questions, il n’y a pas de réponses simples.
L’association des juifs avec l’État d’Israël est facile, presque automatique. « L’État juif » et « l’État hébreu » sont devenus des termes courants. Pourtant, il y a moins de juifs que de chrétiens parmi les partisans inconditionnels d’Israël. Ce livre explique ce paradoxe apparent en mettant en relief l’opposition au nom de la tradition juive qu’attire le sionisme dès ses débuts. Cette opposition met en question la légitimité proprement juive de l’État d’Israël et représente, selon un expert israélien, « un défi bien plus important et dangereux que l’hostilité arabe et palestinienne ». Ce livre met donc en lumière les racines de l’opposition juive à l’existence même de l’État d’Israël, phénomène souvent occulté et censuré car il provoque parfois autant de colère que de curiosité.