Intervention de l’UJFP pour la manifestation du samedi 22 mars 2025, à Paris, à l’occasion de la journée mondiale contre le racisme et le fascisme

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Le 22 mars 2025, les conditions n’ont pas permis que l’intervention de l’UJFP pour la journée mondiale contre le racisme et le fascisme soit lue sur place.

On ne combattra pas l’antisémitisme sans combattre le racisme. On ne combattra pas le racisme sans combattre l’antisémitisme” écrit Alana Lentin.

Pour l’UJFP, l’Union Juive Française pour la paix, la lutte contre l’antisémitisme est une des dimensions du combat antiraciste. On ne détruira pas le système raciste en minorant l’une ou l’autre de ses formes. Partout dans le monde, des dirigeants antisémites prennent le pouvoir. L’extrême droite qui a le vent en poupe est intrinsèquement porteuse d’une vision du monde raciste, notamment antisémite. Le complotisme se déploie sous des formes diverses, avec un fond antisémite explicite ou latent. Comme pour toutes les formes de racisme, l’imaginaire antisémite traverse toute la société, sans épargner aucun espace social et politique. Les préjugés de l’antisémitisme européen et de l’antijudaïsme issu du christianisme, sont profondément inscrits dans notre culture et ont des effets concrets : agressions, violences, viols, meurtres. Il ne faut jamais, dans aucune circonstance, pour aucune motivation, donner l’impression que ces enjeux sont secondaires, il ne faut négliger aucune dimension dans la lutte contre le racisme. Comme le disait Fanon aux autres cibles du racisme, « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. »

Pour l’UJFP, l’Union Juive Française pour la paix, il n’y a pas lieu de mettre la lutte contre l’antisémitisme à part des autres formes de racisme, et encore moins au-dessus. Cette séparation, cette hiérarchisation est une impasse pour toutes et tous, et un danger pour les Juifs eux-mêmes. Personne n’est dupe quant aux motivations de l’apparent intérêt majeur pour l’antisémitisme porté par le gouvernement, l’extrême droite, la droite, et tant d’autres, qui promeuvent et portent des politiques racistes, négrophobes, islamophobes, rromophobes, anti-migrants, de répression des sans papiers et des mineurs isolés, comme la semaine dernière encore à la Gaieté Lyrique. En tant que Juifs, nous connaissons par notre histoire ce statut de paria, déshumanisés, expulsables à volonté. Nous ne pouvons qu’être solidaires et partie prenantes de ces luttes.

Nous savons bien pourquoi l’extrême droite antisémite et les courants de l’antisémitisme chrétien soutiennent l’État d’Israël : il s’agit de promouvoir une idéologie de la séparation, d’abord aujourd’hui vis-à-vis des arabo-musulmans, Israël étant à l’avant-garde de cette lutte, avant de se débarrasser des Juifs, qui doivent être considérés comme étrangers dans leurs pays partout dans le monde, sauf en Israël, État juif, État des juifs, de tous les Juifs. Ce n’est pas nouveau, l’antisémitisme européen a trouvé dans la création de l’État israélien une solution à son “problème juif”.

Nous refusons que les Juifs soient l’instrument de la disqualification de la gauche, du mouvement de solidarité avec la Palestine, de l’antiracisme. Pas en notre nom.

A travers le monde, ici, des milliers de Juifs et Juives se mobilisent contre le génocide commis en notre nom en Palestine, défendent la justice pour toutes et tous, la fin de l’apartheid, la décolonisation, l’égalité des droits. L’antisionisme est une position politique anticoloniale qui critique les institutions. L’antisionisme juif est aussi ancien que le sionisme lui-même, il fut longtemps majoritaire. Contrairement à ce que les soutiens de l’État d’Israël essaient d’imposer dans le débat public et dans la loi, l’antisionisme n’a rien à voir avec l’antisémitisme, qui s’en prend à des personnes sur des bases racistes. Au contraire même, nos mobilisations, les voix juives antisionistes comme la nôtre, sont un formidable outil de lutte contre les amalgames antisémites, contre le ressentiment antijuif.

Tout le monde voit bien que la période est terrible. Le combat contre le racisme est une dimension essentielle de la lutte contre les forces fascistes en train de s’unir contre les peuples. Il y a urgence à développer un mouvement antiraciste divers et uni, un front antiraciste pour lutter ensemble contre le racisme sous toutes ses formes. Pas de lutte contre le racisme sans lutte contre l’antisémitisme. Pas de lutte contre l’antisémitisme sans lutte contre toutes les formes de racisme. Pas de lutte contre le racisme sans anticolonialisme !