Manifestation vendredi 28 mai 14h00
Départ du foyer Manouchian
Depuis le mardi 6 avril 2021, nous faisons le piquet devant notre foyer, au 12 avenue du Groupe Manouchian, pour marquer notre refus de déménager dans une nouvelle « résidence sociale » construite au 164 avenue Léon Geoffroy à proximité. Nos conditions de logement ne sont pas bonnes, alors pourquoi ce refus ? La raison c’est que tel qu’il est organisé par le gestionnaire, l’ADEF, ce déménagement signifierait l’exclusion des personnes hébergées qui ne sont pas titulaires de leur chambre. Il s’agit de 300 ou 400 personnes. Cela entraînerait aussi un casernement dans des logements individualisés dont les titulaires et les personnes hébergées ont toutes les chances d’être soumis à des procédures d’expulsion de leur logement. Cela est arrivé à d’autres résidents de foyers ayant connu eux aussi un tel déménagement, comme le foyer Coallia, rue du Retrait dans le 20ème.
La crise du logement aggravée par l’État
Nous ne sommes pas les seuls à souffrir de nos conditions de logement. Le prix des loyers a énormément augmenté ces quarante dernières années, obligeant les travailleurs à se loger dans des logements trop petits et chers. Même les loyers HLM ont démesurément augmenté, depuis que l’État a supprimé « l’aide à la pierre ». La charité d’État (l’aide personnalisée au logement) a remplacé l’aide à la construction. Dans le privé, les logements en loi de 48, aux faibles loyers, ont disparu. Cela a eu pour conséquence d’augmenter le nombre de demandeurs de logement social et d’allonger les délais d’attribution. Beaucoup d’entre nous, dans notre communauté, y renoncent d’ailleurs à cause des conditions d’accès et des délais.
Alors, faute de construction de nouveaux foyers, ceux existants sont devenus la seule solution, surtout pour les nouveaux arrivants sans papiers. Les nouveaux qui arrivent doivent d’abord obtenir un titre de séjour (ce qui prend des années) avant de pouvoir prétendre à une chambre ou un logement HLM (ce qui prend encore des années).
L’État veut briser l’organisation collective des foyers
Ces foyers ont été construits dans lesannées 70. Les plus anciens d’entre nous les ont vus se dégrader par suite de l’absence d’entretien. Le foyer des Ardoines, en particulier, a connu des coupures d’électricité et d’eau chaude régulières, l’invasion des cafards, des fuites d’eau incessantes, des fuites de toilettes mal réparées ou non réparées.
L’État alors a prétendu « améliorer » les conditions de vie des foyers. Peu à peu, sa politique, définie en 1996 à la suite d’un rapport parlementaire, le rapport CUQ, s’est précisé. Il s’agissait de démolir les vieux foyers, mais surtout de casser les collectifs de travailleurs qui les habitent. Ainsi s’est mis en place une vraie politique de destruction des foyers remplacés par des « résidences sociales », en fait, ni résidences, ni sociales. Plutôt des nouvelles prisons avec un contrôle du courrier, un contrôle des allées et venues, avec des chambres individuelles où chacun ignorera son voisin.
L’ADEF n’est donc pas seule en cause. Son directeur nous a avoué, à l’occasion d’une rencontre, qu’il avait reçu mission de l’État, en février 2017, de réduire le nombre de résidents à reloger. Les départs au pays, additionnés aux décès et aux expulsions ont ainsi réduit le nombre « officiel » à reloger de 516 à 454.
Cela fait plus de 15 ans que les sociétés gestionnaires avec l’appui des gouvernements successifs veulent briser l’organisation collective des foyers. Or ces lieux collectifs permettent de vivre dans la convivialité et la solidarité, d’élaborer ensemble des projets de développement dans le pays d’origine, de nous organiser pour défendre nos droits de résidents et de travailleurs.
Les refus de l’ADEF
Adossée à cette feuille de route de l’État, la direction de l’ADEF refuse toute modification de sa politique. Elle refuse le déménagement des personnes hébergées en même temps que les titulaires des chambres. Elle refuse la reconnaissance du droit à une vie privée et familiale entière, l’attribution de deux badges et deux clefs pour chaque logement. Elle refuse de reconnaître que ce qui se passe à l’intérieur du logement privé des résidents relève de la vie privée et familiale au sein d’un domicile privé.
Elle refuse toute négociation sur les tarifs : nous allons payer 412€ pour 15m² dans une résidence « sociale » où nous serons privés des droits des locataires. Cela portera le loyer par mètre carré à près de 30€. C’est trois fois celui qu’on payerait dans un logement social où on bénéficierait de ses droits de locataires ! La « résidence sociale » est un racket !
ADEF ne veut changer en rien son mode de gestion autoritaire et répressif. Face à elle, il nous faut une mobilisation forte, claire et durable de toute la population de Vitry pour renforcer notre mouvement, remettre à plat tout le projet, et assurer la prise en compte de TOUS LES HABITANTS de l’ancien foyer, sans exception.
Nous avons besoin de votre soutien dans notre refus de déménager
Manifestation du foyer à la préfecture de Créteil
vendredi 28 mai 2021
Départ collectif devant le foyer de Vitry à 14h00
12 avenue du Groupe Manouchian,
RER C – Les Ardoines, Bus 182 – arrêt « Jean-Pierre Timbaud ».
Comité de résidents du foyer Adef de Vitry,
Nous demandons à la préfecture d’être reçus
Contact : Demba Doucouré Tél 06 10 17 09 82
soutenus par le DAL, COPAF, CTSPV, LDH Ivry, Vitry, Choisy et 94, MRAP 94, France Insoumise Vitry, Solidaires 94, Parti de Gauche 94, Gilets Noirs