dimanche 2 février 2020

14:00 - 17:00

École Décoloniale : « Être juif et le rester : réflexions sur la question juive aujourd’hui »

À Paris (10ème) Le dimanche 2 février 2020 à 14h00 La Colonie 128 rue Lafayette 75010 - Paris

Dans la droite ligne de l’esprit du Bandung du Nord, forum international qui s’est tenu à Saint Denis en mai 2018, la Fondation Frantz Fanon – Officiel, le Parti des Indigènes de la République et Paroles d’honneur lancent ensemble l’École Décoloniale, programme de formation gratuit et ouvert à tous à raison d’une séance par mois.

S’inspirant des expériences menées par le Decolonial International Network à Grenade, Barcelone ou encore Amsterdam, l’École Décoloniale se propose de promouvoir la pensée décoloniale mais aussi de fournir des outils théoriques et pratiques au service de la lutte décoloniale, résolument antiraciste et anti-impérialiste.

Programme

Projection du film documentaire « Un retour à Fez » – de 14h à 14h25
Avec : Martin Paul Charbit

À travers un voyage au Maroc avec sa grand-mère, une interview d’elle, ainsi que des photos de famille, le réalisateur essaie de comprendre comment les juifs du Maghreb, des autochtones, ont-ils pu devenir des étrangers à eux-mêmes et à leur propre pays ? Le film comporte des archives rares des écoles juives Françaises au Maroc, et tente de poser un regard neuf sur les relations entre les Juifs d’Orient, le Monde Musulman et l’Occident.

  • Grammaire juive du verbe être – de 14:30 à 15:00
    Avec : Joelle Marelli
  • Le sionisme et la Torah – de 15:00 à 15:30
    Avec : Raphaël Cahen
  • Cette intervention se propose de fournir un court aperçu du rejet profond du sionisme et de l’opposition à l’État d’Israël émanant de la tradition juive ou, plus exactement, judaïque, notamment chez les haredim, c’est-à-dire les juifs les plus orthodoxes. L’on se penchera sur les divers traits constitutifs, dégagés par l’historien canadien Yakov Rabkin, des critiques du sionisme et de l’État d’Israël formulées par des rabbins non-sionistes ou antisionistes : la transformation d’un être-juif prescriptif, centré sur l’allégeance à la Torah, l’observance et la pénitence, en identité nationale purement descriptive ; le développement d’une langue vernaculaire fondée sur l’hébreu biblique et rabbinique ; le déplacement et la substitution violents de populations arabes au profit de populations juives en Palestine, la conquête territoriale et la prise de contrôle politique et économique de cette région ; l’ambition de représenter au sein d’une entité étatique-nationale le peuple juif tout entier, par usurpation de son nom, et sa conséquence : un effort de sionisation de l’histoire juive. Le sionisme valorise ainsi, dès l’origine, des actions militaires et politiques qui sont un défi à la Providence, et démontrent un grand mépris de la Torah et de la tradition, que peine à masquer l’usage fallacieux, principalement au moyen d’analogies, de la Bible ou de symboles traditionnels. La vie en exil, que le sionisme cherche à détruire, est, en effet, un décret divin imposé aux Juifs comme punition pour les transgressions contre la Torah, contemporaines de la destruction du Second Temple. La patrie du peuple juif est la Torah, du moins dans les temps historiques. Or, le sionisme, qui refuse d’accepter ce joug, profane le nom de Dieu en entreprenant un retour en Terre Sainte avant les temps messianiques, pensant accéder à la rédemption ou la précipiter par le moyen profane de la conquête coloniale. On verra que ce « messianisme nationaliste » est au centre du sionisme religieux qui, précisément, fait usage des sources judaïques en vue d’une légitimation et d’une glorification de l’entreprise sioniste. Pour finir, on tentera de montrer l’intérêt et la valeur des positions défendues par l’antisionisme religieux dans une perspective décoloniale.
  •  L’État nation et la lutte contre l’antisémitisme. Quelles politisations aujourd’hui ? – de 15:30 à 17:00.
    Avec : Simon Assoun
  • L’institutionnalisation de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, et son inscription a l’agenda national au début des années 2000, voit l’Etat nation français amorcer un tournant idéologique et politique dans la formulation de la question juive. Loin de se faire au bénéfice des Juifs de France, la lutte contre l’antisémitisme menée par l’Etat est avant tout une lutte contre révolutionnaire tournée contre l’immigration et contre le mouvement social.

 


Biographies

  • Simon Assoun est éducateur spécialisé, membre de la coordination nationale de l’UJFP et militant au NPA.
  •  Raphaël Cahen est étudiant en philosophie à l’université de Toulouse. Il prépare actuellement une thèse sur la question de l’État dans la tradition juive.
  • Martin Paul Charbit. Après quatre ans passés à la Fémis, où il étudie le montage, Martin Paul Charbit réalise son premier film en 2019 : un documentaire de 25 minutes sur ses origines séfarades et l’histoire des juifs du Maghreb. Il travaille maintenant en tant que monteur ou réalisateur sur des projets de documentaire et de fiction.
  • Joelle Marelli est traductrice, poète et chercheuse indépendante. Ancienne directrice de programme au Collège international de philosophie, elle a publié des textes dans différentes revues (dernièrement dans la revue juive progressiste en ligne Protocols). En tant que traductrice et chercheuse, elle travaille actuellement à un recueil de textes de l’universitaire irako-israélo-américaine Ella Shohat sur les juifs arabes, à paraître à la rentrée prochaine aux éditions Lux.

 Voir en ligne : l’article également sur le site de la Colonie