Présentation
Deux ans après le 7 octobre 2023, le caractère génocidaire de la guerre menée par le gouvernement israélien contre la population de Gaza ne fait plus aucun doute. Le génocide est désormais reconnu comme tel, non seulement par des instances internationales liées à l’ONU et par la plupart des grandes ONG, mais aussi par une majorité de la communauté scientifique travaillant sur la Palestine et Israël, la violence politique, les génocides et le droit international.
Pourtant, des formes de déni du caractère génocidaire de la politique d’anéantissement menée par l’État d’Israël, voire de négation du crime, persistent. Elles apparaissent à la fois comme une condition et comme une conséquence du consentement de la communauté internationale au génocide en cours. Les controverses entre experts, qu’elles se déploient dans l’espace médiatique ou dans le champ scientifique, traduisent une crise des savoirs d’une ampleur inédite. Si de tels phénomènes accompagnent souvent les grandes catastrophes historiques, ils revêtent aujourd’hui une gravité particulière : tournant autoritaire que certains qualifient de fasciste, effondrement du droit international, fragmentation de la vérité publique et surtout poursuite du génocide et du nettoyage ethnique malgré de vastes mobilisations de contestation à travers le monde.
L’ensemble des sciences humaines et sociales se trouve interpellé, bien au-delà du cercle des spécialistes de la Palestine et d’Israël. Cette journée d’études se veut un espace de réflexion critique et de mise en dialogue, destiné aussi à interroger la responsabilité du monde de la recherche face à cette catastrophe.
Inscription obligatoire : colloque17.10.25@gmail.com
Équipes co-organisatrices (par ordre alphabétique) : « Anthropologie Comparative des Sociétés et Cultures Musulmanes » (LAS) ; « Antisémitisme, anti-antisémitisme et le conflit israélo-palestinien » (CRH/EHESS) ; « Études Juives : Dieu, histoire, pouvoir » (CRH/EHESS) ; « Faire des sciences sociales sur la Palestine : renouvellement des savoirs et des pratiques » (IISMM/EHESS) ; « Penser avec la Palestine » (ENS)
Comité scientifique : Sadia Agsous-Bienstein, Yazid Ben Hounet, Véronique Bontemps, Claude Calame, Giovanna Cifoletti, Abdullah Kaan Doganok, Aurélia Kalisky, Stéphanie Latte Abdallah, Ron Naiweld (CNRS, CRH), Marion Slitine Baptise Sellier Thomas Vescovi.
Programme
9h-9h30
Introduction du colloque
- Sadia Agsous-Bienstein (Études culturelles, MCF Sorbonne-Nouvelle) Aurélia Kalisky (Études culturelles, Centre Marc Bloch), Yazid Ben Hounet (anthropologue, Laboratoire d’Anthropologie Sociale, CR au CNRS)
9h30-10h50
Session 1 – (en anglais) « Penser, écrire, créer depuis l’intérieur de la destruction »
Modération: Marion Slitine (anthropologue, Centre Norbert Elias, CR au CNRS)
- Nour Elassy (journaliste, poétesse et écrivaine de Gaza, Mastérante EHESS)
« Murdering the Truth » - Maisara Baroud (artiste visuel et enseignant à l’Université d’Al-Aqsa de Gaza, lauréat du Programme Pause / Aix-Marseille Université-Chaire d’Anthropologie Audiovisuelle)
« I Am Still Alive: The Visual Narrative of the Boundaries of Memory and Homeland »
10h50-11h10 – Pause café
11h10-12h30
Session 2 – (en anglais) « Palestine-Israël comme histoire et culture coloniales »
Modération : Véronique Bontemps (anthropologue, IRIS, CR au CNRS)
- Honaida Ghanim (sociologue, directrice MADAR)
« The Super Sparta Logic: Unbounded Violence and Perpetual Catastrophe » (En ligne) - Ibrahim Saïd (anthropologue, adjunct faculty at the International Institute in Geneva)
« Reading Israel/Palestine through a settler colonial paradigm »
12h30-14h — Pause déjeuner
14h-15h20
Session 3 – « Face aux violences épistémologiques et institutionnelles »
Modération : Stéphanie Latte Abdallah (historienne et anthropologue politique, DR au CNRS – Césor/EHESS)
- Sbeih Sbeih (ATER, Lyon 2)
« L’université colonisée : entre destruction du savoir en Palestine et déni de la colonialité en France » - Manon Moret (Doctorante, EHESS) et Abdullah Kaan Doganok (Doctorant AMU)
« La politisation étudiante à l’épreuve de la lutte palestinienne : le cas de l’EHESS »
15h20-15h30 – Pause café
15h30-16h50
Session 4 – « Décoloniser les études juives »
Modération : Ron Naiweld (Centre de Recherches Historiques, CR au CNRS)
- Joelle Marelli (Traductrice, chercheuse indépendante, poète)
« L’antisémitisme des juifves » - Jean-Christophe Attias (Chaire Pensée Juive Médiévale, DE à l’ÉPHE)
« Que peuvent les études juives ? »
16h50-17h10 – Pause café
17h10-19h10 Table ronde : Les sciences humaines et sociales face à l’anéantissement
Modération : Teresa Koloma Beck (sociologue, sociologie de la violence, Helmut Schmidt University)
- Didier Fassin (anthropologue, sociologue et médecin – Collège de France et IAS, Princeton)
- Dirk Moses (historien et chercheur en études comparées sur les génocides, CUNY)
- Jihane Sfeir (historienne du Monde Arabe Contemporain, Professeure à l’ULB)
