Autour de ses deux livres qui viennent de paraître :
Archéologie du sionisme 1
Comment comprendre la genèse du sionisme et ses conséquences jusqu’à aujourd’hui ? Né au XIXe siècle en pleine émergence des États-nations et du fait colonial, au sein d’un judaïsme très divisé
en de multiples courants, celui-ci se donne pour projet de créer un État sur un territoire sans peuple (on pensera à la Gambie, à l’Argentine, plus tard à la Palestine) pour permettre une « régénération » du peuple juif en rejetant souvent tout un pan de ses traditions.
Mais à côté d’un Herzl, par exemple, d’autres acteurs auront une vision plus nuancée du sionisme, comme en témoignent des figures comme Léon Pinsker ou Éliezer Ben-Yehouda, qui va permettre la renaissance de l’hébreu. Un sionisme s’inspirant de la parole prophétique d’un Zacharie : « Ce n’est pas par la violence que je triomphe, dit l’Éternel, mais par l’esprit. » Il y a un siècle, les inventeurs du sionisme ou patriotisme juif promettaient la solution de la question juive par la création d’un état ou d’un foyer refuge. Plus d’un siècle après, il s’avère que cette promesse a largement échoué et que le problème juif, tel qu’on le voit à travers la guerre israélo-palestinienne et le désastre de Gaza, est plus aigu qu’il ne l’a jamais été. Peut-on réfléchir à un réaménagement de cette idéologie ?
et
Éloge de la trahison / Lettres enflammées sur le devenir d’Israël 2
Bouleversé par le 7 octobre et la tragédie endurée depuis par les Gazaouis, les Libanais mais aussi les Israéliens gouvernés par l’hubris guerrière, Gérard Haddad, traducteur des livres de Yeshayahou Leibowitz (1903-1994), adresse douze lettres enflammées à son mentor disparu. Elles disent toute la tristesse d’un sioniste repenti face aux massacres en cours et sa colère devant les discours de clercs et intellectuels juifs médiatisés, alignés sur les positions d’un gouvernement fascisant.
Pour seule réponse à son désarroi, l’auteur se souvient d’un enseignement de son maître : « Je veux qu’on me considère comme traître à toutes les valeurs qui dominent en ce pays. » Autour de cette éthique, il développe un chant funèbre sur l’avenir d’Israël et de l’Occident complice, et atteste : vive la trahison quand elle est l’ultime bouffée d’oxygène d’une cité devenue folle et meurtrière !