WEEK-END CINÉMA PALESTINE à Utopia Bordeaux, place Camille Jullian.
Vendredi 8 et Samedi 9 NOVEMBRE
Organisé par Palestine 33 et l’Union Juive Française pour la Paix
TROIS FILMS SUIVIS DE DÉBATS avec des membres de Palestine 33 et de l’UJFP.
Pour les trois films, achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Mardi 29 Octobre.
NO OTHER LAND
Vendredi 8 NOVEMBRE 2024 à 20h30
Réalisé par un collectif palestinien-israélien : Basel ADRA, Hamdan BALLAL, Yuval ABRAHAM et Racher SZOR – documentaire Palestine 2024 1h35mn VOSTF –
La région de Masafer Yatta, située à une dizaine de kilomètres au sud d’Hébron, est composée de 20 villages palestiniens, dans lesquels vivent plusieurs milliers d’habitants, essentiellement des éleveurs, depuis de très nombreuses générations. Depuis les années 1980, Israël y a classé des milliers d’hectares « zone de tir d’entraînement militaire », menaçant ainsi l’existence de ces villages. Le 4 mai 2022, la Cour suprême israélienne a donné à l’armée le feu vert pour la démolition de huit de ces villages, où habitent quelque 1300 personnes. Depuis l’armée ne cesse de harceler la population pour la faire partir, et procéder au nettoyage ethnique de la région, afin de la coloniser davantage et de l’annexer.
Basel Adra, un jeune activiste palestinien, poursuivant une longue pratique d’enregistrements vidéo, filme les destructions accomplies par l’armée israélienne, ainsi que les multiples exactions commises par les colons juifs installés dans les environs. C’est à partir de ces images qu’a été tourné ce documentaire saisissant.
Au-delà de la démonstration de la violence de l’armée et des colons israéliens, dont il trace un portrait effrayant, No other land est un témoignage dévastateur sur le gouffre politique et moral dans lequel sombre aujourd’hui l’État israélien.
VOYAGE À GAZA
Samedi 9 NOVEMBRE 2024 à 14h30
Réalisé par Piero USBERTI – documentaire France / Italie 2024 1h07mn VOSTF –
C’est un voyage devenu impossible, puisqu’il est question d’un pays aujourd’hui défiguré et en grande partie détruit, dévasté par l’un des pires génocides de l’Histoire depuis ceux du Rwanda et de la Bosnie. Et c’est une des raisons pour lesquelles le film de Piero Usberti, carnet de voyage pré-apocalyptique, est indispensable. Il nous emmène à la rencontre de la jeunesse gazaouie, quelques années avant que ne se déchaîne un déluge de fer, de feu, de sang, sur une population déjà sous blocus permanent. Une jeunesse empêchée, assoiffée de vie et de liberté, vivant au contact de la mort qui peut frapper à chaque instant, qui encaisse avec humour et rage les mille embûches du quotidien – et qui cultive le « sumud » : cette capacité, indéfectiblement liée au peuple palestinien, à encaisser les drames, à résister, à rester sur sa terre.
En 2018, Piero Usberti a 25 ans et veut avant tout aller à la rencontre des jeunes Palestiniens. Il aborde son voyage par la poésie, la beauté des images, accompagnées d’une voix off qui décline ses réflexions de voyageur solitaire – car Gaza, en temps de paix relative, est par endroits magnifiquement belle, avec cette plage interminable, ligne d’échappatoire imaginaire. Très vite il nous invite à partager ses rencontres : Sara, qui souhaite coûte que coûte découvrir le vaste monde ; Mohanand, l’intello communiste et athée qui étouffe et ne pense qu’à partir ; Hani qui, par l’entremise des réseaux sociaux, est tombé amoureux d’une jeune Algérienne qui l’a rejoint… Autant de parcours de vie, si loin et pourtant si proches des siens, tellement différents de l’image relayée par les médias occidentaux d’une jeunesse aveuglée par l’idéologie du Hamas.
Le film s’ouvre sur l’enterrement d’un jeune photographe, qui a ouvert le ciel aux Gazaouis en important des drones afin de leur permettre de découvrir leur territoire façon Yann Arthus-Bertrand, vu du ciel. Ce ciel qui, lui aussi, est colonisé par les Israéliens et bruisse en permanence du ronronnement de leurs propres drones, militaires ceux-là, agents technologiques de surveillance et avant-garde des frappes aériennes « chirurgicale » qui visent pourtant indistinctement les dignitaires du Hamas ou les civils, les QG militaires, les écoles et les hôpitaux. Le ciel ne se partage pas plus que la terre – et le jeune photographe, sans doute coupable de crime de lèse-espace aérien, est assassiné aux premiers jours du voyage du réalisateur italien.
Au-delà de la chronique attachante d’une jeunesse qui se rencontre au-delà des frontières visibles et invisibles, Piero Usberti rappelle à chaque instant l’impitoyable emprise et la brutalité de la colonisation qui ont modelé et structurent encore Gaza, ce territoire artificiel produit d’une déportation et d’une extermination coloniales. Le film documente les conditions de vie ubuesques dans un territoire qui n’a d’autonome que le nom, dont l’État d’Israël pille les ressources en eau, verrouille les frontières, ferme l’accès à la mer. Il y a un formidable souffle de vie dans ce Voyage à Gaza, film humaniste et politique, intimiste et collectif, qui semble gonflé par l’espoir des manifestations concomitantes de la Grande Marche du Retour. On y décèle également les germes du drame qui se joue aujourd’hui, et on a le cœur brisé de deviner, à travers ses images, les paysages dévastés et les protagonistes meurtris ou exilés.
« Plus d’une fois, j’ai pensé à Pier Paolo Pasolini, à ce qu’il disait, dans les années 1960, de l’Italie des années 1950 et de ses visages, de ses corps, d’une certaine beauté sur le point de disparaître… À Gaza, j’ai eu l’impression de retrouver cela comme si, bizarrement, je renouais le fil d’une histoire qui était aussi un peu la mienne ». (Piero Usberti)
BIR’EM
Samedi 9 NOVEMBRE 2024 à 17h
Camille CLAVEL – France 2023 1h15mn VOSTF – Avec Sama Abuleil, Yazan Bakri, Ibrahim Eissa…
Dans le nord d’Israël, Nagham, une jeune Palestinienne, décide de réinvestir le village de son grand-père, détruit lors de la guerre de 1948 et laissé à l’abandon. Elle est bientôt rejointe par d’autres jeunes Palestiniens qui font revivre l’espoir éphémère d’un retour au village.
Loin des images d’actualité, dans la beauté des paysages ruraux d’une région dans laquelle seule la verdure est restée libre, Bir’em est un film sur la transmission de la mémoire à travers les générations et sur les façons de se réapproprier un espace confisqué. C’est aussi le portrait délicat d’une jeune fille d’une vingtaine d’années, dont le quotidien est illuminé par la présence de son grand-père. Nagham se nourrit des souvenirs et des poèmes de cet homme paisible, semble y trouver une légitimité et un ancrage que la vie en Israël lui dénie.
Entre ellipses et silences, à travers des sentiments plus suggérés que montrés, Camille Clavel n’oblige à rien, n’affirme rien ; tout juste indique-t-il un chemin possible de compréhension du drame palestinien dans la narration qu’il déploie…
Après un premier documentaire, Vers où Israël ?, dans lequel il explorait déjà la question mémorielle sur une terre chargée de mémoires antagonistes, Camille Clavel réalise avec Bir’em son premier long-métrage de fiction. Une œuvre sensible qui donne à entendre l’inflexible désir de retour palestinien.