« Piotcouf ». J’entends encore mon père prononcer ce nom sonnant comme un éternuement. Le train de Varsovie a mis deux heures pour s’y rendre. Un vrai train avec des compartiments mais pas de voiture bar. Les autorités savent trop à quoi peut s’adonner le Polonais quand, de sa fenêtre il voit défiler l’armée triste des bouleaux sur la plaine gelée. « Piotrkow Trybunalsky ». Tout est gris dans la ville où est né mon père : le ciel, le ciment gercé des trottoirs, les façades lépreuses, la mine des gens, l’odeur âcre de coke qui minéralise l’atmosphère.