Par Gil Anidjar.
Peu après la parution du livre de Houria Bouteldja, l’une dit à l’autre, par-delà l’Atlantique : écrivons un texte ensemble. L’autre ne refusa pas, mais suggéra une autre forme de dialogue : écrivons chacun.e un texte et faisons-les paraître ensemble. Du temps passa. Ce décalage supplémentaire apporta son lot d’oubli, et la part d’inconscient, dans la conversation, qui était indispensable à produire quelque résonance. C’est ainsi une sorte de trilogue (non, vraiment, font les autres convives ? Vous plaisantez sans doute !), fait non seulement de mots mais de silence et de distance, comme c’est le cas dans les meilleures occurrences, nous semble-t-il, qui s’est instauré, à l’insu de la principale protagoniste, mais aussi, en grande partie, des deux autres.