« Cette guerre continue, et c’est la plus longue guerre que la bande de Gaza ait connue depuis la Nakba de 1948, et c’est la guerre la plus féroce et la plus sanglante. Cette guerre a touché tout dans la bande de Gaza, les pierres, les arbres et les gens, et elle a complètement affecté tous les aspects de la vie » (Abu Amir, représentant de l’UJFP à Gaza).
Présentation de la rencontre par Brigitte Challande et Sarah Katz1 :
Depuis octobre 2023, un génocide se déroule sous nos yeux à Gaza. Les dirigeants israéliens ont affirmé que les Palestiniens sont des « animaux humains » et qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza. Immeubles pulvérisés, hôpitaux anéantis, journalistes assassinés, famine organisée, population déplacée de force … 70 % des dizaines de milliers de victimes sont des femmes et des enfants. Le monde laisse faire.
Depuis 2016, une coopération « épaule contre épaule » s’est instaurée entre l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) et la société civile de Gaza, en particulier les paysans. Au fil des années, un groupe s’est constitué, le groupe Gaza qui a rallié également des militant.e.s solidaires de la Palestine.
En juillet 2024, lors d’un séminaire du groupe Gaza, l’idée était évidente : nous devions témoigner de cette année – largement dépassée maintenant –, des actions menées par nos camarades et ami.e.s à Gaza pour organiser l’urgence dans les camps de déplacé.e.s. En 6 mois nous avons épluché, repris, élaboré et réfléchi les comptes-rendus, au début hebdomadaires puis devenus quasi-quotidiens, de nos partenaires à Gaza pour que le récit persiste. Notre aventure est particulière en ce qu’elle n’a pas produit un livre sur Gaza mais un livre avec Gaza.
Qui sommes-nous devenu.e.s ? Avons-nous perdu notre conscience ? Cette question qui est souvent revenue dans nos échanges épistolaires avec nos camarades, nous devons nous la poser à nous-mêmes. Qu’avons-nous laissé faire, qu’avons-nous accepté, même si nous n’avons cessé de le dénoncer, comment pouvions-nous enrayer cette déshumanisation ?
La déshumanisation est un lent exercice d’isolement et de siphonnage de sa propre humanité. Ensemble, nous devons mettre à bas ce processus, l’enrayer et le combattre. C’est un combat politique. La Palestine pose des questions universelles qui nous libèrent et sont révélatrices de nos propres illusions.
L’organisation du quotidien participe au changement du rapport de force et construit maintenant un futur possible. Écrire leur résistance au jour le jour nous enseigne les repères d’une vie essentielle dont nous devons témoigner.
rencontre_autrices_Gaza_27_mai_UPVNote-s
- Sarah Katz, socio-démographe au CNRS, a vécu deux ans à Gaza entre 2011 et 2014. Brigitte Challande, psychologue et administratrice culturelle en milieu psychiatrique, journaliste en presse indépendante.[↩]